Un château comme laboratoire d’innovation

Le Château, anciennement l’usine du Docteur Pierre qui fabriquait de l’alcool de menthe et du dentifrice, est un lieu emblématique dédié à l’innovation sociale et à la transition alimentaire. Niché au cœur de Nanterre, ce monument historique est devenu un tiers-lieu unique en son genre, géré par Etic, où entrepreneurs, associations de l’économie sociale et solidaire (ESS), producteurs, citoyens, et acteurs publics convergent pour promouvoir des modèles économiques et sociaux durables. Ce bâtiment écoresponsable de plus de 2 000 m² est entouré d’un jardin de 4 500 m². Il offre un espace de coworking, des bureaux privatifs, un restaurant, un espace événementiel, des cuisines professionnelles partagées et un jardin en permaculture.

Le Château abrite une communauté composée d’une vingtaine de structures, aux projets variés, partageant des valeurs communes et s’engageant pour une société plus équitable et respectueuse de l’environnement. Parmi les principales, United Kitchens et son Foodlab occupent plus de 500 m² et offrent aux entrepreneurs et start-ups alimentaires la possibilité de révolutionner l’alimentation de demain en partageant des cuisines professionnelles. Qu’ils soient pâtissiers, artisans, traiteurs, cuisiniers, ou qu’ils dirigent un food truck, le Foodlab permet de louer un espace privé ou partagé pour quelques heures ou plusieurs mois. 

Au cœur du parc du Château, plusieurs associations cultivent, elles, un potager selon les principes de la permaculture. Elles accueillent des particuliers, des écoles et des entreprises pour des ateliers axés sur la sensibilisation aux modes de production durables en harmonie avec la biodiversité. Ces activités comprennent le jardinage, la préservation d’un sol vivant, l’observation de la nature, et la mise en place de pratiques innovantes telles que la méditation, la cuisine et la création de compost. 

La transition alimentaire, un enjeu crucial

Selon Statista, le secteur agroalimentaire mondial générait un chiffre d’affaires de 7 732 milliards d’euros en 2021. La même année, il était de 198 milliards d’euros en France, d’après l’Association Nationale des Industries alimentaires (ANIA). Mais le système actuel dysfonctionne et fait face à de très nombreux défis : épuisement des ressources, dégradation de l’environnement, paupérisation des agriculteurs, famines, gaspillages, malbouffes, grippe aviaire… Or, selon les projections de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), il faudrait accroître la production agricole de 70 % entre 2000 et 2050 pour subvenir aux besoins des 10 milliards d’humains qui peupleront alors la planète. La transition vers une alimentation durable est donc un enjeu vital, mais aussi un levier d’avenir pour la croissance économique.

La transition alimentaire englobe le processus par lequel une société transforme sa manière de produire et de consommer des aliments. Elle vise à promouvoir une alimentation plus respectueuse de la santé humaine, de la planète et des animaux. Cette transition repose sur cinq grands axes : l’impact environnemental, le bien-être animal, l’impact sociétal, la personnalisation, et la santé. En pleine crise climatique mondiale, cette problématique est plus que jamais au cœur des préoccupations des citoyens et des acteurs publics. C’est ainsi le point de départ des réflexions menées par Ayming, groupe international de conseil en performance, autour de la « Food Revolution ».

La transition alimentaire s’accompagne de constats importants, notamment du côté du changement des habitudes alimentaires. Ces dernières années, on observe par exemple une décroissance du marché BIO au profit des produits locaux et des circuits courts, une augmentation du marché du snacking et une hausse des produits « tout prêts ». Mais les consommateurs sont aussi de plus en plus attentifs à la provenance des produits, privilégiant les produits locaux et de saison, ainsi qu’un snacking plus sain.

Des éléments qui induisent des défis auxquels fait face l’industrie agroalimentaire : un besoin de transparence et de traçabilité des produits vis-à-vis du consommateur ; des habitudes alimentaires qui évoluent et qui impliquent de repenser la filière de production française ; et une nécessité pour la filière d’investir dans la transition écologique.

Recherche, développement et innovation au cœur des solutions

Pour répondre à ces enjeux, plusieurs pistes sont étudiées et font l’objet d’investissements des pouvoirs publics et des entreprises privées, des plus grandes multinationales aux plus jeunes pousses. La digitalisation devrait notamment jouer un rôle clé dans la transition alimentaire en permettant la traçabilité des produits, en améliorant la productivité des usines grâce à l’intégration de l’intelligence artificielle, en favorisant la recherche et développement et en soutenant la gestion des emballages pour réduire l’impact environnemental.

Concernant le développement de nouveaux produits alimentaires, il devra tenir compte des évolutions présentes et futures, et la France entend bien être pionnière sur le secteur de la production de l’alimentation « santé » (estimé à près de 1000 milliards d’euros en 2030), fondée sur le vivant et en particulier les protéines et les ferments. Elle a ainsi commencé à investir massivement dans différents plans de subvention et d’aide à l’innovation.

Enfin, la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) s’annonce cruciale dans cette transition. Elle implique la transparence et la traçabilité des produits, l’adaptation aux évolutions des modes de consommation et la prise en compte de la transition écologique (impact sur les écosystèmes, empreinte carbone et maitrise des consommations énergétiques). Les investissements dans la RSE ont également un impact économique, règlementaire et en matière de ressources humaines puisqu’ils constituent un levier d’attractivité des sociétés.

Les Numersives, une mise en réseau des lieux innovants du territoire POLD

La Learning Expedition au Château de Nanterre a permis d’explorer les synergies entre l’innovation sociale, la transition alimentaire et la RSE. Elle illustre parfaitement le rôle essentiel des Numersives dans le maillage territorial pour l’innovation et l’entrepreneuriat, créant ainsi un écosystème propice à des actions innovantes concrètes et à une transformation positive de la société.

Les Numersives, organisées par le Catalyseur de POLD, constituent une opportunité unique de découvrir l’Île-de-France et ses lieux d’innovation. Elles favorisent la création de synergies entre différents acteurs du territoire, tels que les réseaux académiques, les institutionnels, les directeurs d’innovation, les responsables d’incubateurs, les porteurs de projets et bien d’autres. Ces événements comprennent également des sessions de pitchs, des mises en relation, des hackathons, des ateliers collaboratifs, des conférences ou des tables rondes. 
 

La LEX du mois d’octobre s’intéressera à la mode éthique avec la visite de La Caserne à Paris.

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