En 2021, 8,8 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits en France, d’après les études d’Eurostat. Chaque maillon de la chaîne à son importance, qu’il s’agisse des producteurs, des industriels, des distributeurs ou des consommateurs. Dans cet esprit, Le Catalyseur de l’innovation et de l’entrepreneuriat a fait de l’économie circulaire et de la transition alimentaire des axes stratégiques majeurs, en mettant en avant les initiatives qui visent à réduire la quantité de déchets alimentaires. Le Catalyseur accueille notamment Humain par nature dans son écosystème. Présentation de cette startup engagée et qui a remporté le 1er prix du GEF Startup Weekend 2024.
Le concept d’Humain par nature
Depuis quelques années, de nombreuses initiatives pour lutter contre le gaspillage alimentaire sont mises en place comme la récupération d’invendus chez les commerçants, l’écoulement de stocks dormants chez les distributeurs auprès d’associations caritatives, ou encore la réduction de gaspillage en cuisine grâce à l’intelligence artificielle, etc. Ces initiatives placent cette lutte au cœur de la transition alimentaire, exigeant une évolution des modèles de production et de consommation.
Cette année, Natacha Levachoff, qui a passé plus de 25 ans dans le monde de la distribution, a décidé de créer sa startup, Humain par nature, qu’elle présente comme « une solution d’intermédiation qui permet aux producteurs d’écouler leurs produits déclassés, c’est-à-dire des fruits ou des légumes qui ont simplement des défauts esthétiques ou de calibres et qui n’entrent pas dans les normes imposées par les distributeurs, alors qu’ils sont tout aussi bons gustativement ».
Que ce soient des choux-fleurs trop petits ou des concombres tordus, de nombreux produits ne sont pas valorisés dès la production à cause de ces défauts, constituant 14 % du gaspillage alimentaire en France. Pour réduire ce problème, Humain par nature souhaite que ces invendus servent à la restauration collective (3,8 milliards de repas par an), en particulier les fruits et les légumes, des denrées vite périssables et qui sont le plus jetées : « Nous sommes dans un système où la société dans son entièreté a été habituée à consommer des produits esthétiques, estime Natacha Levachoff. Or, ce sont des produits issus de la nature qui ne peuvent être sortis de manière industrielle. »
Les raisons d’être de la startup
Pendant très longtemps, l’accès aux restaurants collectifs a été difficile avec des appels d’offres de marchés publics qui réduisaient le nombre de candidats. Aujourd’hui, Natacha Levachoff entrevoit une ouverture des collectivités, qui recherchent des solutions pour répondre à la loi AGEC.
Derrière cette lutte contre le gaspillage alimentaire, l’entrepreneuse voit trois aspects essentiels : environnemental, sociétal et agricole : « Pour l’environnement, nos ressources ne sont pas intarissables donc il faut les protéger. Pour l’aspect sociétal, un Français sur 10 ne peut pas se nourrir sainement avec l’inflation et ne mange pas suffisamment de fruits et légumes frais puisque les prix sont trop élevés. Le dernier point concerne le soutien au monde agricole. L’agriculteur passe son temps, son énergie et son argent dans les cultures donc il faut l’aider à valoriser toute sa production. »
Du premier prix de GEF Startup à son arrivée au Catalyseur
Malgré tout, sa startup a connu un coup d’accélérateur en remportant le premier prix au GEF Startup 2024 le 24 mars dernier. L’évènement est organisé par GEF (Grandes Écoles au Féminin), une association dont les membres sont les associations d’alumnis des 10 plus grandes écoles parisiennes comme HEC, l’ESSEC ou l’ENA. Ce concours permet à toutes les femmes porteuses de projet, et qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat, de pitcher leur projet le temps d’un week-end devant des mentors et des experts. « 48 h de dingue ! », comme le décrit Natacha Levachoff.
« J’étais extrêmement honorée et fière d’avoir remporté le GEF Startup 2024, considère l’ancienne étudiante de l’ESSEC. La retombée est immense avec ce succès. J’avais avancé sur mon projet puisque j’étais allée voir des coopératives et des agriculteurs, et j’avais une connaissance de la restauration collective, mais j’étais simplement au niveau de l’étude. Le prix GEF m’a permis de marquer le jour 1, c’est le démarrage concret de ma startup. »
Avec ce prix, Humain par nature a remporté de nombreux lots, dont une place au sein du Catalyseur. Une arrivée qui rentre parfaitement dans l’écosystème du Catalyseur puisque la transition alimentaire est un des grands enjeux. Par la mise en relation des startups du secteur avec les collectivités ou d’autres actions sur le thème de l’économie sociale et solidaire (ESS), le Catalyseur se veut comme un relais des actions de Paris Ouest La Défense (POLD) avec un véritable suivi dans le temps.
Un nouvel environnement que Natacha Levachoff a déjà eu l’occasion de découvrir : « Le Catalyseur est un accélérateur, un facilitateur et un lieu pour faire des connexions, affirme la fondatrice d’Humain par nature. J’ai eu l’occasion de participer au déjeuner des entrepreneurs, un véritable moment d’échanges pour partager nos expériences, et d’intelligence collective. » La startup a également l’opportunité de travailler avec l’équipe du Catalyseur afin d’identifier les acteurs qui lui seront utiles pour faciliter la mise en relation et permettre à Humain par nature de grandir dans l’écosystème du Catalyseur.
Dans cette dynamique, Paris Ouest La Défense (POLD) a établi un véritable programme avec le lancement des États Territoriaux de l’Innovation Circulaire et Solidaire (ETICS), en copilotage avec la CRESS Île-de-France et de Les Petites Rivières - ESS et innovation sociale. Après les Rencontres de l’Économie Circulaire et de l’Alimentation Durable qui ont eu lieu le 28 novembre dernier, Le Catalyseur et POLD ont pris en compte les besoins et les attentes des différents acteurs de l’ESS sur le territoire. L’ambition est donc de construire une feuille de route en faveur de l’Innovation Circulaire et Solidaire (ICS) sur le territoire. Cette démarche est réalisée en co-construction avec les entreprises et les collectivités du territoire afin de bâtir ensemble l’avenir de l’ESS à Paris Ouest La Défense. Dans cette perspective, Le Catalyseur va accueillir un atelier d’intelligence collective le 16 mai prochain qui aura lieu dans ses locaux. Cette concertation permettra par la suite de réaliser un atelier « masterclass » avec les 11 villes du territoire et d’élaborer la feuille de route ICS qui sera dévoilée pour le mois de l’ESS en novembre prochain.
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